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LE CAUCHEMAR DE PHILIPPE LAYAT A PERPIGNAN

Au cours de cette journée du 17 septembre 2016 ont été projetés 4 films au cinéma "Le Castillet" dans le cadre d'un festival organisé par la Ligue de Droits de l'Homme,

"Décoloniser nos imaginaires", dont la thématique était :

«L'accaparement des terres »

Nous remercions vivement les militants de LDH

pour avoir programmé le film d'Eric Boutarin qui ne manque jamais de susciter indignations, colères et révoltes contre "ces princes qui nous gouvernent"

Résumé des films

« Naturellement urbain » – 17 mns, de Michel Bonnotte et Yanis Peltier. Ce film, proposé et dirigé par Stéphane Goxe est tourné à Prades, autour du projet de la Zone industrielle des Brulls et de la lutte pour la défense des terres nourricières, en présence de membres du collectif des Brulls

« Ce n’est qu’un début » – 12 mns, de Jolène White, sur la lutte autour des terres du Testet et du projet de barrage de Sivens. En présence de Pascal Nakache, avocat, membre de la LDH de Toulouse, et co-auteur de la contre-enquête « sur les conditions ayant conduit à la mort de Rémi Fraisse ».

« Et maintenant nos terres » – 30 mns, sur la résistance à l’accaparement des terres dans plusieurs pays africains, film qui suit la trajectoire de trois luttes de la résistance paysanne. Réalisation Benjamin Polle et Julien Le Net.

« Le cauchemar de Philippe Layat », sur la captation des terres d’un berger pour la construction du nouveau stade de football de l’Olympique Lyonnais en 2015, réalisé par Eric Boutarin. En présence du monteur du film, Philippe d’Hennezel, responsable du site « Télévision Paysanne »

Mes commentaires

Le point commun entre ces 4 films n'est pas seulement « l'accaparement des terres », c'est aussi la question que soulève chacun d'entre eux, cette question fondamentale qui est bien celle des droits de l'homme, de plus en plus menacés et bafoués par ceux qui nous gouvernent, en France et presque partout dans le monde. Comment ne pas réagir et se mettre en colère contre ceux là qui agissent sous l'étiquette du socialisme, et qui ne tiennent jamais les promesses pour lesquelles ils ont été élus. Ceux que nous mettons au pouvoir par le vote ne font que trahir toutes espérances d'une société où la priorité devrait être celle de l'humain et non pas celle du profit.

Il existe des luttes dont les médias ne parlent pas ou tellement peu qu'elles passent inaperçues. C'est le cas des deux premiers courts métrages, qui témoignent de combats et de résistances qui dérangent le pouvoir. Et c'est bien grâce à l'esprit de solidarité qui a permis de faire reculer les projets de Zone industrielle des Brulls et du projet de barrage de Sivens. Ces luttes doivent persévérer, comme celles qui continuent en Afrique pour faire barrage aux politiques commerciales et néocoloniales européennes.

Malheureusement, c'est très différent pour Philippe Layat. Son échec est total. Les nombreuses pétitions signées par des milliers d'internautes sur le net n'ont pas suffi à déclencher une mobilisation générale.

Le stade s'est construit. L'esprit de solidarité aurait du se manifester sur le terrain que des paysans proches ou voisins auraient pu occuper avec leurs tracteurs et leurs vaches pour faire barrage aux bulldozers et autres bétonneuses. Mais comment empêcher la construction d'un stade de foot ? Parce que le foot, c'est sacré ! Nos chers élus ne s'y trompent pas en organisant  des jeux dans le but de flatter le peuple afin de s'attirer la bienveillance de l'opinion populaire. "Les peuples doivent se contenter de se nourrir et de se divertir, et ne plus se soucier d'enjeux plus exigeants ou à plus long terme concernant le destin de la vie individuelle ou collective". C'est ainsi que les élus veulent s'imposer comme étant les seuls compétents à pouvoir juger de ce qui est bien ou mal pour l'avenir de la société. C'est ce qu'on appelle la démocratie capitaliste ! Ah bon !

J'ai souvent entendu ces propos peu après ce jour où Philippe Layat s'est fait tabasser, chez lui : « C'est bien fait pour sa gueule, il n'avait qu'à se barrer ».

C'est la plupart du temps la justice des élus qui  triomphe, celle de ceux qui ne pensent qu'à s'enrichir sur le dos des peuples, et certainement  pas celle des droits d'un homme dont la propriété a été violée

J'aime ces quelque mots formidables prononcés par Philippe lorsqu'il évoque l'occupation de la France par les nazis : « C'est du pareil au même, l'ennemi ! Il est chez nous 

Oui , l'ennemi est chez nous. Où est passé l'esprit de la république que la révolution de 1789 avait mis en place en renversant la monarchie, « Notre bon roi souverain » celui qui était au-dessus de tout, que personne ne pouvait contester et contredire. Nous l'avons balayé pour inverser les rôles ; « le peuple souverain », dont les intérêts devraient  passer au-dessus de tous les autres. Quelle grossière ironie dans la bouche de ceux qui en gouvernant prétendent être à l'écoute attentive du "peuple souverain" ?

Nos dirigeants politiques ne sont que des hommes d'affaire soucieux de satisfaire d'abord aux lois du marché, dont ils profitent à leur tour sans retenue, en ennemi déclaré d'une véritable démocratie qui leur ferait perdre les privilèges scandaleux que le pouvoir permet.

J'ose dire que nous ne sommes pas du tout en période de crise. Nous sommes tout simplement victimes des excès sans cesse croissants d'un capitalisme sauvage que ni rien ni personne ne peut arrêter, surtout pas nos politiques criminelles totalement soumises au diktat des multinationales ...

*l’accroissement de la répression contre le citoyen ordinaire afin d’obtenir sa soumission

 

... en guise de conclusion, je citerai « le mot » de l'éditeur de ce livre qui vient de sortir de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot " La violence des riches"

LA VIOLENCE DES RICHES

Sur fond de crise, la casse sociale bat son plein : vies jetables et existences sacrifiées. Mais les licenciements boursiers ne sont que les manifestations les plus visibles d’un phénomène dont il faut prendre toute la mesure : nous vivons une phase d’intensification multiforme de la violence sociale.

Mêlant enquêtes, portraits vécus et données chiffrées, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dressent le constat d’une grande agression sociale, d’un véritable pilonnage des classes populaires : un monde social fracassé, au bord de l’implosion. Loin d’être l’œuvre d’un "adversaire sans visage", cette violence de classe, qui se marque dans les têtes et dans les corps, a ses agents, ses stratégies et ses lieux. Les dirigeants politiques y ont une part écrasante de responsabilité. Les renoncements récents doivent ainsi être replacés dans la longue histoire des petites et grandes trahisons d’un socialisme de gouvernement qui a depuis longtemps choisi son camp.

À ceux qui taxent indistinctement de "populisme" toute opposition à ces politiques qui creusent la misère sociale et font grossir les grandes fortunes, les auteurs renvoient le compliment : il est grand temps de faire la critique du "bourgeoisisme".

La guerre des riches contre les pauvres

La "lutte des classes" prônée par Karl Marx était celle des pauvres contre les riches, des exploités contre les exploiteurs. Depuis 1980, la lutte des classes s’est inversée. C’est désormais une guerre des riches contre les pauvres. Son but est d’effacer un siècle de progrès social en occident, de décupler les profits des entreprises, et de permettre un enrichissement sans précédent des élites dirigeantes au détriment de la population ordinaire devenue une simple ressource à exploiter.

                                                                                                                             Blueman

 

"Il y a une guerre des classes, c’est un fait,
 mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre,
 et nous sommes en train de la gagner.

Warren Buffet 1ère fortune des États-Unis en 2004.

Comme souvent je l'ai entendu après une projection du « Cauchemar de Philippe Layat » : Il faut nous mobiliser. Contre cette guerre. Mais une mobilisation massive ne pourrait se déclencher que par la révélation de ces odieuses stratégies et n'aura d'efficacité que par la parole criée avec force dans les rues, les lieux et places publiques.

Les salles de cinéma de la région lyonnaise ont pratiquement toutes refusé de projeter ce film qui n'est pas sans rappeler étrangement les mots de Warren Buffet . C'est bien la preuve d'une complicité évidente des médias avec un pouvoir corrompu qui ne peut mener ses affaires en tout impunité que par les mensonges, la manipulation et la désinformation.

Alors, pourquoi rien ne bouge encore ? Il y a surement de multiples raisons. Notamment ce que j'ai entendu après une projection du "Cauchemar ..." dans un cinéma de Savoie : "Dans nos  pays du nord, la proportion de "nantis" * est globalement supérieure à la moyenne. Il faut bien reconnaître que nous en faisons partie à coté du milliard de pauvres qui peuplent notre planète. La peur de perdre ce qui est acquis par une bonne majorité est encore une raison suffisante de ne pas vouloir s'engager dans un conflit qui pourrait conduire au désastre".

Et pourtant le désastre, c'est ce qui nous attend de toute façon. Alors agissons maintenant avant de tout perdre.

* Précisons quand-même que les "nantis" ne sont évidemment  pas les riches désignés dans le livre de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

Philippe d'Hennezel

La guerre sociale est déclarée :

Une nouvelle guerre mondiale a commencé. C’est une guerre sociale et intérieure, une guerre d’élimination menée par les élites dirigeantes contre une population devenue trop nombreuse et inutilement coûteuse.

Cette guerre se caractérise par l’instauration d’un nouvel esclavage appelé "libéralisme", et simultanément, par l’accroissement de la répression contre le citoyen ordinaire afin d’obtenir sa soumission *